Siège 17A sur un Airbus A340 qui effectue la liaison entre la Nouvelle Zélande et le Chili. Sur l'écran qui affiche la localisation de l'avion, la mer à perte de vue… mais sans glace ni iceberg. Le soleil se couche derrière le hublot, alors qu’il va bientôt se lever à Santiago. Huit heures de décalage horaire entre les deux pays quand on va vers l'est (dix avec l'Australie), en « récupérant » un jour avec le passage de la ligne de changement de date : malgré 11 heures de vol, j’arrive à Santiago avant d’être partie d’Auckland. Ouh là là, je sens que je suis en train de vous perdre et je m’accroche moi-même pour ne pas perdre le fil…
Ces derniers jours ont été riches en contrastes. Les sensations provoquées par les vagues de près de sept mètres, à l’approche de l’Australie, occasionnent encore un léger tangage le matin au réveil malgré le retour sur la terre ferme. Le bleu, le blanc et le noir omniprésents en l’Antarctique ont été remplacés par le vert des arbres et des forêts de Tasmanie. La banquise et les icebergs ont laissé la place aux plages de sable fin. La température de la mer est passée de -2° à +24°, celle de l'air de zéro environ à +30°. On redécouvre les maisons, les voitures, les villes, les avions. Le microcosme des phoques, manchots et baleines est resté derrière nous : place à la civilisation, aux téléphones portables, à Internet et aux hommes pressés.
Déjà un tour du monde au compteur. Déjà des images plein les yeux, des souvenirs plein la tête. Des visages croisés qu’on ne reverra probablement pas, chacun suivant son chemin. Si une étape se termine, je tourne le regard vers la suite du programme et ces sommets du monde qui m’appellent. Le cœur gonflé de reconnaissance pour les moments hors du commun vécus depuis fin novembre, et plein d’optimisme pour les prochains mois - avec une pincée d’impatience : le piolet s’agite dans le duffle bag, les crampons trépignent dans leur pochette de protection. Le San Valentin nous attend, trônant sur la calotte glaciaire du Hielo Continental au nord de la Patagonie. Je l’ai en tête depuis une quinzaine d’années, après avoir vu des photos dans un magazine: une belle grosse meringue dans un décor tout blanc. Pas de haute altitude (4058m seulement) mais une vraie immersion dans la neige et la glace en autonomie : après tout, j’ai signé pour en « bouffer » !
Rendez-vous fin janvier pour la suite du feuilleton, si vous le souhaitez. N’hésitez pas à consulter les albums photos ou le détail de l’étape du San Valentin ( Programme 2011: Zoom sur le San Valentin en Patagonie ). Meilleurs vœux pour cette nouvelle année 2011 et à tout bientôt, comme disent nos amis savoyards.
Frison, la mascotte, en costume de Noël sur un iceberg en Antarctique